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L’importation des œufs de table réfrigérés défraie, depuis quelques jours, la chronique au Bénin. Les aviculteurs béninois, à travers leur association professionnelle, ont récemment organisé des sit-in pour protester contre cette importation par une Société implantée dans le pays. Concurrence déloyale et mauvaise qualité présumée des œufs importés étaient notamment en question.

Face à cette situation, la Société mise en cause par l’Inter profession de l’aviculture du Bénin (Iab) a réagi, mardi 16 septembre 2014, à travers l’organisation d’une conférence de presse. Il s’agit, en l’occurrence, de la Société Jlr qui, à en croire les explications de son administrateur général Sébastien Ajavon, n’est pas signataire du mémorandum interdisant depuis 2005 l’importation des œufs de table. On retient des propos tenus par M. Ajavon qu’en dépit de ce fait, Jlr n’a pas encore importé les œufs de table, elle a plutôt racheté les produits d’une Société importatrice dénommée Vad qui, elle, « a fait son importation et n’avait pas un bon réseau de distribution ». Pour avoir racheté et distribué les produits d’une autre Société, l’Administrateur général évoque une stratégie de sa Société en vue de jauger le marché local et créer une unité de production avicole au Bénin. « Les éleveurs n’ont qu’à savoir qu’ils auront un compétiteur avec eux sous peu (…). Je pense que nous allons quitter l’importation, mais qu’ils sachent que nous allons faire à grande échelle l’élevage et j’espère qu’ils ne vont pas nous refuser cela », a averti l’administrateur général Sébastien Ajavon qui, par ailleurs, aurait souhaité un dialogue avec les aviculteurs mécontents s’il y avait effectivement problème.

Les aviculteurs mécontents ont eu à dénoncer une mauvaise qualité des œufs de table dont le groupe Jlr est distributeur. M. Ajavon s’inscrit en faux contre cette affirmation : «Nous sommes sûrs que les œufs que nous distribuons sont de bonne qualité (…). Il y a eu des contrôles stricts avec des documents authentifiés de l’Union européenne en amont avant l’importation ». Il ajoutera même que cette bonne qualité a été confirmée au Bénin par le Laboratoire central de contrôle de la sécurité des aliments.

Il faut également noter que la Société Jlr dispose encore d’un stock de huit conteneurs d’œufs de table à écouler avant de se lancer dans la production locale. Mais sur ces huit conteneurs déjà arrivés au port de Cotonou, six ne sont pas encore dépotés, faute de la présence des représentants de la Direction béninoise de l’élevage. Pour M. Ajavon, les autorités n’ont pas le droit de bloquer les conteneurs qu’elles ont, au préalable, autorisés : « je sais qu’il y a eu des marches et des sit-in et la Direction de l’élevage n’est pas venue afin que les conteneurs puissent être ouverts, alors qu’il n’y a jamais de certification pour les aviculteurs locaux. Mais je ne sais pas s’il y a des mains invisibles derrière cette affaire ».

Clarification sur le mémorandum interdisant l’importation des œufs de table au Bénin

A ce niveau, M. Ajavon, tout en expliquant que Jlr n’importe pas les œufs de table, indique que le mémorandum d’entente signé en 2005 ne s’impose pas à toutes les Sociétés intervenant dans le secteur. Il fait comprendre, en effet, que ses Sociétés Cajaf et Comon, signataires de ce mémorandum, ont respecté leur engagement de ne pas importer les œufs de table. Mais de l’autre côté (la Direction de l’élevage), poursuit-il, le constat a été décevant. Le mémorandum prévoyait notamment la satisfaction par les aviculteurs locaux des besoins de la clientèle et le contrôle des services vétérinaires. « Sur ce plan l’Etat a démissionné et il n’y a pratiquement plus de vétérinaires, même pour les dépotages. Du fait de cette pénurie, la qualité des matières premières utilisées par les aviculteurs locaux reste douteuse, (…) », a fait observer M. Ajavon face à la presse.

Il faut rappeler que les aviculteurs mécontents, lors d’un sit-in organisé le 11 septembre 2014, ont souhaité que le mémorandum soit renforcé par d’autres actes réglementaires. Pour eux, il faut annuler l’agrément accordé par la Direction de l’élevage à certaines Sociétés importatrices des œufs de table réfrigérés. Recevant leur motion de protestation, le Ministre El Hadj Issa Azizou a, pour sa part, fait savoir qu’il est urgent de mettre fin à cette importation des œufs et de faire la promotion des produits issus de l’élevage au Bénin.

Dans le rapport d’une étude réalisée en 2006 sur la compétitivité des filières agricoles dans l’espace Uemoa, il est mentionné des contraintes d’ « insuffisance du système de contrôle de qualité des intrants et de produits avicoles ». Selon la même source, la filière avicole représente, au niveau régional, un poids économique de plus de 100 milliards de francs Cfa de chiffres d’affaires. « C’est au Sénégal que la filière a le poids le plus important dans l’agriculture (9%). Dans les autres pays, la part de la filière avicole tourne autour de 5% du chiffre d’affaires agricole ».

Tag(s) : #Société
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